Maia Aboueleze Thomas Demarez François Heuse Pauwels Benoît Amelie Saye Elisabeth Wautier
dans
VINCI AVAIT RAISON de Roland Topor
dans une mise en scène de Maxime Pistorio
et une scénographie de Sylvianne Besson
C’est mon ami Gilles qui m’avait parlé en 2009 de « Vinci avait raison » : une pièce de Topor sur deux couples qui se réunissent pour un week-end à la campagne, et qui découvrent, horrifiés, que quelqu’un a chié sur la table, et même dans toute la maison. Ce vaudeville où l’étron remplace l’amant dans le placard m’est apparu comme le plus gros pied-de-nez au snobisme, à ce qui se croit pur, à l’idéologie, à l’aristocratie culturelle, à la morale, bref au bon goût dans toute sa superbe.
J’ai proposé le projet au directeur d’un important théâtre bruxellois qui me semblait approprié, mais celui-ci m’a répondu sans même voiler son mépris que Topor était à ses yeux l’incarnation parfaite du théâtre ringard, en précisant avoir des auteurs bien plus pointus à sa disposition. Mon envie d’offenser le bon goût se fit alors d’autant plus… pressante.
Il faut savoir que c’est à Bruxelles que le spectacle avait été créé en 1976, occasionnant alors un scandale mémorable. Et c’est à l’issue de l’une de ces représentations outrageuses que Topor avait rencontré Henry Xhonneux et Eric Vanbeuren, avec qui il a conçu la mythique émission « Téléchats ». Notre culture a une dette immense envers Topor, et ça, Eric De Staercke en est très conscient, c’est pourquoi il m’a ouvert les portes du théâtre des Riches-Claires.
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11/11/21
Hier soir, la première bruxelloise de Vinci Avait Raison a fait un tabac ! Les nombreux grands rieurs côtoyaient une poignée de spectateurs outrés dans un mélange délicieux de plaisir et d’exaspération bien fidèle à l’esprit de Topor.
Et dire qu’il ne reste déjà plus que 11 représentations de cette pièce rare et nauséabonde que si peu de compagnies osent monter…
Faisons mentir la statistique idiote et absurde que m’a confiée une comédienne, selon laquelle 80% des amis qui promettent de venir restent en réalité devant Netflix, à grossir dans leurs pantoufles en grignotant devant des séries qu’ils pourront encore voir le lendemain. Vous n’êtes plus qu’à un clic de la réservation ! 
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10/11/21
Ce soir, au théâtre Les Riches-Claires, aura lieu la première de VINCI AVAIT RAISON, farce outrancière où aucun affront ne sera épargné au public. Je ressens le mélange de trac et d’excitation du sale garnement qui prépare une mauvaise blague. Quand grandirai-je donc ?
Hier soir, après une répétition générale, nous sommes allés boire un verre au centre-ville de Bruxelles. Une cliente tendait l’oreille, tandis qu’avec le plus grand sérieux, je faisais mes retours aux comédiens :
— Maia, quand tu te rends compte que tu as fait dans ta culotte…
— Elisabeth, pour le quiproquo entre l’orgasme et la constipation…
— François, à propos de la scène de la pipe…
— Benoît, quand tu devises sur la merde humaine…
— Thomas, quand tu baisses ton froc…
— Amelie, quand tu comprends que les chiottes sont bouchées…
Au bout d’un moment, notre voisine ne pouvait plus cacher qu’elle nous écoutait tellement elle riait. Elle est repartie avec un flyer et nous a promis de réserver sa place. Quant à nous, nous réalisions subitement ce que nous étions en train de dire ! Voilà le spectacle / happening qui mettra peut-être un terme à notre carrière à tous. Au plaisir de vous y voir !
