4 catégories de festivals de cinéma

Durant le parcours d’un film en festivals, les nouvelles les plus fréquentes sont mauvaises : on reçoit quotidiennement des mails automatiques de refus, qui précisent avec politesse que « les qualités du court-métrage ne sont pas en cause ». Considérant le nombre très élevé de films en circulation de par le monde, chaque sélection est donc toujours une fête ! Je classerais les festivals en 4 catégories. Il y a peut-être plus à en dire, mais voici ce que l’expérience m’a enseigné :

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Certains festivals sont du flan, des arnaques, des boîtes aux lettres avec une présence en ligne. Ces manifestations fantoches se caractérisent par un nom de ville qui évoque le prestige (Hollywood, Venise…) sans qu’on en ait jamais entendu parler, et se produisent plusieurs fois par an dans des lieux surprenants. (J’ai lu qu’un seul propriétaire de casinos nord-américain détient une quinzaine de ces « festivals ».) Leur sélection est interminable et leur palmarès exhaustif. Il y a un prix pour tout, et presque tout le monde gagne. Le modèle économique de ces faussaires : tout est payant, à commencer par l’inscription. Les réals ne sont pas invités, paient leur place, leur dîner, leur trophée et ses frais d’envoi. Personne ne proteste car ces prix sans valeur permettent aux cinéastes de fanfaronner qu’ils ont été honorés à Hollywood, Venise, etc. Le meilleur moyen de les fuir est bien sûr de ne jamais s’y inscrire.

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Les petits festivals associatifs, mis sur pied à bras-le-corps par des passionnés en lien avec les municipalités. Ici le seul enjeu est l’amour du cinéma. Les organisateurs sont éreintés par une année de travail souvent bénévole, et bouleversés que le miracle ait encore lieu malgré les conditions difficiles. Ils regardent religieusement des centaines de courts-métrages, et s’inspirent parfois de la sélection d’autres festivals plus importants. Si les réalisateurs se déplacent, ils y sont accueillis comme des rois. Au Festival Cinéma Orry-la-Ville, j’ai par exemple été gratifié d’un excellent pot de miel de printemps d’un producteur local (notez la polysémie du mot « producteur »). C’est aussi la catégorie de VKRS Festival, le festival de clips que j’ai co-créé (qui annoncera bientôt les dates de sa cinquième édition). Qui sait, peut-être que VKRS s’élèvera un jour à la catégorie…

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…Des festivals bien établis par quelques années d’expérience, auxquels on doit déjà de belles découvertes grâce au flair de leurs sélectionneurs, et qui ont un public fidèle et engagé. Ils n’ont pas toujours de gros moyens, mais ils ont nécessairement une équipe de qualité et une bonne réputation. Pour moi, l’année dernière, ce fut par exemple Le Court en dit long à Paris, The American French Film Festival à Los Angeles, 20minmax à Ingolstadt…

And the winner is…

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Les festivals que le CNC dénomme « Catégorie 1 », et dont la sélection-écrin fait loi. (En 2022, le Festival de Clermont-Ferrand, par exemple, a reçu 6200 courts du monde entier, pour n’en retenir que 77 en sélection internationale.) Lorsque votre film est retenu en catégorie 1, vous sautez au plafond car cela signifie que vous allez voyager, faire des rencontres déterminantes, et que votre pedigree prend de la valeur. Ces festivals exigent la première nationale (voire mondiale). Mon film Green-Fit a par exemple fait sa première au Festival de l’Alpe d’Huez, puis a été projeté au Festival du court métrage d’humour de Meudon (qui, bien que de catégorie 1, ne sont pas reconnus par Wallonie-Bruxelles Images — dont la liste ne reprend d’ailleurs aucun festival de cinéma comique — mais pour l’Alpe d’Huez j’ai eu une dérogation).

Enfin, dans tous ces festivals, vous avez les sélections officielles « en compétition » et « hors-compétition ». La compétition, c’est le graal, car si vous gagnez un prix, c’est très chic, et on vous parlera désormais sur un autre ton. Hors-compétition, ce sont des séances thématiques qui donnent un prétexte aux organisateurs pour sauver des films qu’ils ont aimés. (Il arrive que les films hors-compétition reçoivent tout de même un prix décerné par le public, ce qui est arrivé à Green-Fit en novembre à 20minmax).

Pour un type comme moi qui ne cautionne pas le principe de la compétition artistique, les sélections hors-compétition en catégorie 1 constituent donc le compromis parfait, et ça tombe bien car ce sera deux fois le cas pour Green-Fit en ce mois de janvier :
🥳 Premiers Plans – Angers Film Festival, dans la catégorie « Films d’ici ».
🤩 Flickerfest à Sidney (parmi 3200 films soumis), le plus grand festival de courts-métrages d’Australie, dans la catégorie « Short Laughs Comedy — Clever off-kilter selections of comedy shorts from across the world ». EDIT : Le film est également repris dans une sélection, encore plus pointue, de films qui seront projetés dans 12 villes australiennes durant les semaines qui suivent le festival.

Tout ce blabla pour tenter de vous faire sentir à quel point ces nouvelles sont heureuses ! Voilà une excellente façon de débuter l’année !

Merci à Shortcuts Distribution, dont le patient travail me rend plus heureux chaque jour !