À Bruxelles, si vous demandez « un café », le serveur vous donnera ce que l’on appelle à Paris « un allongé ». Si vous désirez un expresso – celui que les parisiens entendent par « café » – il faudra demander « un petit café », en accompagnant la commande d’un écart du pouce et de l’index, comme pour signifier « un zizi petit comme ça ». À Bruxelles l’ordinaire est allongé, à Paris l’ordinaire est petit. Cela se répercute sur la taille des appartements.
Plus complexe dans ce panorama des mentalités, le cas du croissant. À Bruxelles, il n’existe pas de croissant générique. On l’apprécie « au sucre », « aux amandes », « à la crème », voire « jambon-fromage ». À Paris, « un croissant » désigne un croissant au beurre, cela ne prête à aucun commentaire. Si vous désirez la viennoiserie sans beurre, il faudra demander « un croissant ordinaire », car à Paris, l’ordinaire est l’exception.
À Paris on l’appelle le petit-déjeuner, à Bruxelles on l’appelle le déjeuner. Dans les deux cas, on demande « un café et un croissant ». L’ordinaire du voyageur n’a rien à voir avec la banalité.
Paris, 22 mars 2018